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MEXICO AZTECAS Y TOROS
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11 novembre 2019

Petit recueil de faits étonnants ou tragiques autour du ruedo, par Bernard Arsicaud

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             Edouard Manet : LE TORERO MORT

 

 

Petit recueil de faits étonnants ou tragiques autour du ruedo

 

 

« La tragédie de la mort est en ceci qu’elle transforme la vie et destin » ( Malraux, L’Espoir)

 

L’homme contemporain cherche à recouvrer des valeurs perdues.. Il ne s’y retrouve plus dans la morale et les vertus civiques d’aujourd’hui. La recherche des points de retraite et la gestion des congés dans sa vie plan plan ne lui suffit plus. La tauromachie lui permet peut-être, par personnes interposées, de redécouvrir l’authenticité, la sincérité, le courage.,. ainsi la mort, conclusion inexorable de toute vie, retrouve-t-elle sa place dans cet univers ou la société de plus en plus aseptisée, la cache.

La corrida, point de convergence de tous les efforts relatifs à la tauromachie, fait la part belle à la plastique, à la beauté, à l’art, aux couleurs et à la lumière. Néanmoins parfois cruelle, ce fait culturel porte en son sein son lot de drames :

 

Soixante matadors, cent quatre vingt quatre novilleros, soixante treize picadors, cent quarante neuf banderilleros, trois puntilleros et huit rejoneadores ont été tués dans l’arène. Autrement évoqué, depuis qu'il existe des références, quatre cent soixante dix sept toreros ont perdu la vie !

 

Voici pêle mêle quelques anecdotes ou tragédies s’étant déroulées au fil du temps.. 

La vie de José Ulloa Navarro dit Tragabuches, insolite torero et cantador né à  Arcos de la Frontera. Né José Mateo Balcázar Navarro a changé son nom en José Ulloa Navarro, Carlos III a autorisé les gitans à prendre le nom qu'ils désiraient. Le surnom de Tragabuches, il l'a hérité de son père, qui l'a obtenu, selon la tradition, en mangeant un âne nouveau-né (appelé "buche" en Andalousie ). Formé par Bartholomé Romero ( parent de Pedro Romero) Il obtient l’alternative en 1802 dans les arènes de Salamanque. Tragabuches découvre l'amant de sa femme Maria, un sacristain du nom de Pepe El Listillo, caché au fond d'une jarre dans sa propre maison. Il le décapite au couteau. A la suite de quoi, il balançe madame par dessus le balcon et direction la sierra rondéña. L’histoire raconte qu'il devint un des membres les plus sanguinaires d'une  bande de brigands, connue sous le nom des 7 enfants de Écija, qui a ravagé la Basse-Andalousie au début du XIXe siècle.

Six ont été arrêtés, mais on n'a jamais eu de nouvelles de Tragabuches. Sa trace s'est perdue dans les terres fertiles de la vallée du Guadalquivir.

Tragabuches

 

                                    Tragabuches

                                                                                                    

En Espagne, un maire fut quant à lui le héros improbable d’un événement qui aurait pu tourner au tragique fait-divers :

« Le toro était passé au-dessus des tendidos. Le maire de la commune, qui avait un pistolet sur lui, a tué la bête pour protéger les spectateurs. Les deux oreilles lui ont été accordées, faisant de lui le seul édile recevant un trophée dans l’arène. » (Faits non datés et non situés)

                                                                                               

Manuel Dominguez Campos « Desperdicios », au Puerto de Santa Maria, le 1 juin 1857, prit un coup de corne dans l’oeil droit par le toro Barrabas. Le globe oculaire se mit à pendre avec un horrible mouvement pendulaire, le pondonor et la planta torera du torero lui dictèrent de se débarrasser de cet encombrant « pendentif », il s’énucléa donc et voulu repartir au combat, heureusement il en fut dissuadé et partit seul, debout, à l’infirmerie ! Cinquante jours après, le matador borgne reprenait l’épée !

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                                      Desperdicios

 

                                                                                                  

 Le quatre juillet 1889, la troisième corrida de l’exposition universelle de Paris donna lieu à un évènement historique. Le Maestro Rafael Molina « Lagartijo » banderilla et tua le taureau Renagado de Sabino Flores, alors que la loi stipulait qu’aucune effusion de sang ne devait se produire et que l’évènement ne devait seulement que laisser les impétrants démontrer leur talent. Cet évènement illégal s’est déroulé devant la très catholique Isabelle II d’Espagne ! 

Lagartijo

                                       Lagartijo

                                                                                                   

Antonio Montes Vico, né à Séville (Espagne) le 20 décembre 1876, mort à Mexico (Mexique) le 13 janvier 1907.

Les avis concernant ce matador sont plutôt partagés. Considéré par certains comme l’un des plus grands de son époque, il a été largement décrié par d’autres. En fait, il avait une très grande connaissance du taureau et déterminait très vite si son adversaire permettait le succès. Dans la négative, il renonçait à briller et se contentait d’estoquer le taureau. Si celui-ci avait du potentiel, il montrait tout l’éventail de son talent et enthousiasmait le public. Il peut être considéré comme un précurseur de Juan Belmonte : il laissait venir à lui le taureau, puis « chargeait la suerte » pieds rivés au sol, donnant ainsi un grand relief à ses passes, tant au capote qu’à la muleta. Son manque de régularité, en revanche, lui nuit considérablement, ne réussissant une « faena idéale » que de temps en temps.

Le 13 janvier 1907, dans les arènes de Mexico, il fut gravement blessé lors de l’estocade par le taureau « Matajacas » de la ganadería de Tepeyahualco. Il mourut quatre jours après.

Son cercueil fut entreposé dans le Panthéon Espagnol de Mexico, en attente de son rapatriement vers la mère patrie. Un incendie se déclara dans le bâtiment. Ce ne sont donc que ses cendres qui furent transférées à Séville.

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                              Antonio Montes Vico

                                                                                                 

Luis Freg Castro, « Don valor », torero mexicain né le 21 juin 1890 à Mexico. Grand spécialiste des mises à mort sincères et spectaculaires, fut un « multiple miraculé » de la corrida ! 72 blessures, cent cicatrices dont une à la fémorale, à la saphène, il resta plusieurs fois entre la vie et la mort. Ernest Hemingway, dans « mort dans l’après midi » écrivit que ses jambes étaient déformées et noueuses à cause des cicatrices, comme les branches d’un vieux chêne. Il reçut six fois l’extrême onction ! Héroïque torero ayant côtoyé tant de fois la mort dans l’arène mourut noyé à la Laguna del Carmen vers Campeche pour tenter de sauver un enfant.

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                                 Luis Freg Don Valor

                                                                                                  

 Cagancho, Joaquim Rodriguez Ortega, est né en 1903 à Seville, issu d’une grande famille de chanteurs et forgerons. Capable du meilleur comme du pire, ce gitan élégant aux yeux verts était un séducteur. Fantasque, il était le matador le plus populaire des années 20. « Quedar como Cagancho en Almagro » (se comporter comme Cagancho à Almagro), on pourrait penser à une phrase célébrant ses qualités, pas du tout ! Phrase passée dans le langage courant signifiant un fiasco total ! Avec cet étrange personnage, par ailleurs capable de faire vibrer les foules sur une passe de capote ou de muleta, plusieurs dizaines de toros sont rentrés vivants au toril ! Au point qu’il écopait d’amendes importantes et de passages fréquents en prison. Durant les férias, à une heure donnée, les habitués des cachots ponctuaient : « comment, il est vingt deux heures et Cagancho n’est pas là ? » Lorsqu’il avait peur d’un toro, il décidait de ne pas le tuer. Une fois, il s’était réfugié dans le callejon, un commissaire de police lui intima l’ordre de tuer son adversaire : Cagancho répondit : ah, c’est vous le commissaire de police, et il l’agonit d’injures afin de se retrouver au poste… l’astuce prit et il finit sa nuit au cachot ! Dans les bons jours, en revanche, il électrisait les spectateurs sur une veronique donnée, lente, templée, basse.  Il tuait en Volapie, en décomposant les actes, lentement, puis tombait, comme s’il s’endormait, pour tuer le toro ! Acclamé et hué, le roi de la bronca et des hourras termina sa carrière en 1953. Il se réfugiera au Mexique ou il était devenu une idole et il y termina sa vie. 

Cagancho

                                     Cagancho

                                                                                                 

                                  

Francisco Vega de los Reyes dit « Gitanillo de Triana », alias « Curro Puya », né à Séville (Espagne) le 23 septembre 1903, mort à Madrid (Espagne) le 14 août 1931.

Ami se cagancho,  gitant aussi, aura une très importante carrière. Il remplit les arènes en alternant avec Cagancho. Inventeur d’une veronique appelée « minute de silence ». Un revistero tellement impressionné par la lenteur décide de le chronométrer, il déclenche sa montre au début de la passe et regarde sa montre lors de la fin, celle-ci était à l'arrêt. Rapidement, il demande à son voisin de voir sa montre… elle était aussi à l’arrêt !!! Cela lui inspira un titre célèbre pour sa chronique : « dis moi Gitanillo, quand tu torées, est-ce que ton coeur s’arrête ? »

Fandanguero de Perez Tabernero le blesse grièvement le 31 mai et il décède après une des plus longues et épouvantables agonies de l’histoire de la tauromachie le 14 aout 1931.

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                                   Gitanillo de Triana

                                                                                                  

Manuel Granero est né dans une famille bourgeoise de Valence (Espagne). Il étudie la musique et devient un bon violoncelliste avant de se tourner vers la tauromachie.

Il débute dans la région de Salamanque et remporte de nombreux triomphes comme novillero au cours de l’année 1920, notamment à Madrid, Barcelone  et  Santander. À la suite de ces succès, il prend l'alternative en 1920.

Au cours de sa courte carrière, il se fait remarquer par sa vaillance exceptionnelle et par son toreo de muleta, notamment de la main droite (il est le créateur de la passe de la firma). Tout permet de penser qu’il aurait pu devenir l’un des plus grands matadors de son époque et comme un successeur de « Joselito ».

Le 7 mai 1922, lors de la confirmation d'alternative de Marcial Lalanda dans les arènes de Madrid, le taureau « Pocapena » de la ganadería du duc de Veragua l’encorne en le coinçant contre la barrière. La corne pénètre dans l’oeil droit et lui fait éclater la boite crânienne. La mort est immédiate. Dans son récit « Histoire de l'oeil" , Georges Bataille évoque cet accident tragique auquel il assista dans les arènes.

Il est enterré à Valence (Espagne) dans un mausolée créé par le sculpteur José Arnal García.

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                                   Manuel Granero

                

Chicuelo II, qui eut une courte carrière entre 1953 et 1957, est bel et bien le seul torero à se voir concéder un trophée unique en son genre après une faena de légende dans les petites arènes de Jaen, en Espagne. Il emporta les oreilles, la queue et la patte (comme le fit également El Cordobès à Nîmes le 17 mai 1964) : « Mais devant la furia qui s’était emparée du public et qui continuait de réclamer une récompense, le président n’a eu d’autre choix que de lui accorder une partie de l’anatomie du toro que la décence ne permet pas de nommer ici »,

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                                     Chicuelo II

                                                                                                  

En 2010, lors d’une corrida en Colombie à Sabanalarga, des spectateurs alcoolisés, ont eu la brillante idée de s’inviter dans l’arène pour défier le taureau. La fête a vite tourné au drame lorsqu’un spectateur de 20 ans encorné décède en piste, vite après, deux autres hommes d’une quarantaine d’années également touchés par les cornes décéderont plus tard à l’hôpital. Un bilan dramatique de 3 morts et 37 blessés. Le maire de la ville a déclaré que tout cela s’était déroulé à cause de l’ivresse importante des spectateurs.

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                   Plaza de toros de Sabanalarga (Colombie)

                                                                                                  

 

Coriano, ganaderia Bornos, combatu le 23 juin 1771 au Puerto de Santa Maria accrocha son torero Jose Candido Exposito et se trouve donc être le premier toro de l’histoire répertorié pour avoir blessé mortellement un torero.

                                                                                                 

Barbudo du fer de Jose Joaquim Rodriguez, le 11 mai 1801 à Madrid ( Arènes Puerta de Alcala) blessa mortellement un des plus grand toreros de l’histoire, Jose Delgado Pepe Hillo à l’instant suprême. Beaucoup de spectateurs, choqués quittèrent la plaza et les autres spectacles taurins de Madrid furent suspendus durant un mois.

                                                                                                

Real Maestranza de Ronda, le 21 mai 1820, Retinto de Jose Rafael Cabrera, agé de sept ans, pas de trapio, ni de tamaño fit son apparition. Sifflé tout le long de la fena en raison de querelles de clochers, Francisco Herrera Rodriguez « Curro Guillén » le torero déroule sa faena . A la mise à mort, Retinto bouscula Curro Guillén qui tomba. Le banderillero Juan Leon Leoncillo vint au quite. Le toro accrocha le banderillero et le torero, un homme sur chaque corne, sur une bonne partie de la piste. Leoncillo se décrocha mais Curro Guillén resta encore et mourut avant d'arriver à l'infirmerie. Le torero aurait été entéré en piste, à l'endroit même de sa cornada.

                                                                                              

A Villa y Cortes,  le 17 juin 1860 le toro Matacaballos ( cela ne s’invente pas ) reçoit seize piques, tue sept chevaux et envoie à l’infirmerie les deux lanciers El Narajero et El Peleon

                                                                                              

Le ruedo séparé en deux pour deux spectacles, à Madrid, le 23 juin 1872, Moñudo après avoir reçu deux épées de la part de Angel Pastor, sauta la talanquère, escalada les gradins jusqu’en haut ou il fut reçu et tué à la baïonnette par des gardes armés. Aucun dommage aux spectateurs, exceptée la terreur …., ne lui fut imputé.

                                                                                              

 

Le toro supposé le plus brave de l'histoire, selon certains, serait Llavero de Nazario Carriquiri et fut combattu au Pilar de Saragosse le 14 octobre 1866. Il reçut cinquante trois piques et tua quatorze chevaux. Il fut renvoyé au toril sur demande insistante du public ou le pauvre toro mourut des suites de l'énorme châtiment reçu. Sa tête naturalisée est visible au Club Taurino de Pampelune.

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                                         Llavero

                                                                                              

Très nombreux sont les faits marquants qui ponctuent toute l'histoire de la tauromachie. Il n'existe pas, à ma connaissance, de documents les relatant; pourtant tous remarquables d'intérêts tantôt comiques, tantôt caustiques, tantôt dramatiques. Ce petit recueil n'a pas la prétention de l'exhaustivité, loin s'en faut. Il représente seulement le stock d'anecdotes cumulées au cours d'une vie d'aficionado.

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